L’impertinence de décaper le vernis
Depuis des années, j’ai l’impertinence de gratter les couches d’idées reçues qui recouvrent les fissures des méthodologies de l’entraînement sportif traditionnel. Mon imagination me pousse souvent à effectuer des sauts conceptuels entre les disciplines que l'ont a regroupé sous l'acronyme des "sciences du sport", mais aussi au-delà de ces disciplines. C'est pour cette raison que l'analyse systémique trouve un tel écho chez moi ( Ma Métaude). C'est ce qui, je pense, me donne la capacité de transférer et de manipuler dans le champ sportif des concepts qui n'en sont ni issus, ni hérités ( Les secrets de l'équipe championne, 4Trainer, 2019).
Qu’est-ce que le “sentier” ?
Mes sauts conceptuels sont très souvent hors de portée des acteurs traditionnels de l'entraînement sportif. Pourquoi ? Je ne pense pas être plus intelligent que les autres, ni avoir accès à plus d'informations qu'eux. S'ils ont une connexion internet, ils peuvent accéder aux mêmes connaissances que moi. Je suis "simplement" sorti du sentier. Alex Sarama (Assistant coach des Cavs en NBA), définit dans Transforming Basketball (bientôt disponible en français), "le sentier" comme la path dependence : la dépendance au chemin déjà parcouru. Autrement dit, les pratiques d'entraînement sportif dominantes actuellement sont conditionnées par les croyances, les habitudes et les expériences du passé — même quand elles sont obsolètes. En ce sens, le sentier est à la fois une inertie idéologique : on reproduit ce qu’on a appris, sans en interroger la pertinence et le fruit de contraintes socioculturelles : traditions, attentes des organisations et peur d’être marginalisé notamment. Selon mes observations, les entraîneurs sont même parfois choisis précisément pour rééditer les mêmes méthodes. Dans ce contexte, évidemment, l'innovation et le progrès sont étouffés.
Copier-coller et modèles “clé en main”
Les approches “clé en main” et les copier-coller sont les symptômes du sentier. Elles évitent de se confronter à l’incertitude. Elles ne nécessitent aucun saut conceptuel. Mais en contrepartie, elles empêchent d’adapter l’entraînement à la complexité du jeu et aux besoins réels des joueurs. Pour briser cette dépendance au sentier, Alex Sarama préconise une transition vers des méthodologies contemporaines d'entraînement fondées sur la dynamique écologique, la CLA (Constraints Led Approach) ainsi que diverses preuves empiriques. C'est ce que je développe dans la formation Ma Métaude à une échelle qui dépasse le cadre méta du match et inter du jeu d'une équipe, pour entrer dans l'intra du joueur. Je cherche à aller jusqu’au cœur du joueur bien au-delà des simples X & O.
“C’est trop théorique”
Souvent, on m'interpelle de la façon suivante : "C'est bien beau mais on fait quoi alors ?" ou encore " Tu restes toujours très général dans tes propos donc c'est compliqué de se faire une idée claire". Cela est révélateur, à mon sens, de la dépendance au sentier et du besoin presque cellulaire de "copier-coller" des entraîneurs/joueurs traditionnels. On attend des recettes toutes faites, comme dans les cahiers techniques. Mais je ne propose pas de modèles figés (Ils ne peuvent pas l'être). Je partage des expériences de pensée, souvent en avance sur leur temps. Encore hier soir, j’observais avec amusement que certaines méthodologies que j’ai expérimentées il y a des années, sont aujourd’hui utilisées par des équipes nationales. Je ne les avais pas lu dans un cahier technique, pas apprises d'un autre entraîneur. C'est mon expérience de pensée sur ces méthodologies qui m'y avait poussé.
“Ce n’est pas du terrain” ?
Quand j'explique ce que je perçois, guidé par mon envie de partager mes expériences de pensée, on me répond : " ce n'est pas du terrain ". On gomme mes 25 ans de pratique et on me dit que, parce que je pense, je ne suis pas un homme de terrain. Curieuse analogie vous ne trouvez pas, comme si "penser" était interdit sur le terrain en quelques sortes? La logique sous-jacente est que, dans le sentier, on oppose pensée et pratique. On découpe, on réduit, on catégorise. Le corps d’un côté, l’esprit de l’autre. Le physique d’un côté, le mental de l’autre. Le laboratoire de recherche d'un côté et les crissements du parquet de l'autre. Mais cette séparation est artificielle. Elle ne correspond pas à la réalité du fonctionnement d’un joueur (un être humain). Le terrain c'est quoi ? C'est l'herbe ou le parquet ? Ou c'est l'être humain qui joue ? Vous ne risquez pas de voir un match sans joueurs. Par contre vous pouvez visite un stade ou une arena sans match.
La vraie sortie du sentier
Oui, je fais des sauts conceptuels. Oui, j’assume un plaisir incommensurable à lire et à penser. Je suis toujours impressionné par les idées. Elles n'ont aucune limite. Et je le revendique même aujourd'hui : les plus grandes découvertes de la science moderne sont nées d’expériences de pensée. Ce que beaucoup d’entraîneurs, comme de joueurs, pourraient mépriser — la réflexion, l’imagination, la conceptualisation — est en réalité le point de sortie du sentier. S'ils ne passent pas ce point, ils restent en sous-performance chronique normalisée (concept que j'ai déjà présenté de nombreuses fois par ailleurs) dans leurs activités respectives.
À méditer.
Andy Hyeans, le 9 octobre 2025, tous droits réservés.
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