La prépa physique, la prépa mentale, la neuro, ça n'existe pas.

Je m'appelle Andy Hyeans, je suis entraîneur individuel depuis plus de vingt-cinq ans, j'ai accompagné plus de 1250 joueurs, professionnels, amateurs ou jeunes. Ce que je partage ujourd'hui est le fruit de vingt-cinq années d'expérience, mais aussi de beaucoup d'échecs, d'essais, de lectures, de recherches, de formations... et surtout de terrain.

J’ai longtemps cherché comment accompagner un joueur de manière efficace, durable et respectueuse de son intégrité, à la fois physique et mentale. Et cette quête m’a amené à complètement remettre en question ce que je croyais savoir sur l’entraînement.

Les nombreux et répétés échanges que j'ai pu avoir avec les joueuses et joueurs m'ont permis de dessiner des ponts entre la science et l'humain, entre la physiologie et les comportements, entre la génétique et l'épigénétique. Je n'ai pas la vérité. Il y a beaucoup trop de choses que je ne sais pas et beaucoup trop de choses que l'on ne sait pas sur le système humain. Notre connaissance est à la fois totale et relative. Nous sommes à la pointe sur de nombreux éléments du système humain, mais des nouveaux-nés sur bon nombre d'interactions complexes. Ce que nous appelons le talent naturel, ce que nous appelons les miracles médicaux, ce n'est pas faux. C'est juste au delà de nos capacités d'appréhension. Surtout que des fois notre cerveau se trompe, il nous ment...

Il nous ment sur l'existence de la préparation physique, mentale, technique, sur la neuro et sur tout ce découpage que nous avons l'habitude de faire, nous entraîneurs. Ces notions ne font pas sens dans la mesure où on ne peut pas engager le corps sans l'esprit, le muscle sans le système nerveux, l'action sans la perception, etc. On a créé des catégories au sein de l'entraînement pour nous rendre les choses plus accessibles. Notre cerveau a besoin de créer des catégories pour appréhender le monde complexe et ces catégories le lui rendent plus accessibles, elles le simplifient, on appelle ce phénomène la réponse catégorielle à la problématique dimensionnelle.

Une multitude de choses dans notre monde sont des sortes de continium, il n'y a pas un endroit où les choses s'arrêtent. Si on les découpe pour rendre les choses plus accessibles. Par exemple, imaginez le spectre de la lumière, il n'y a pas un endroit où le bleu devient du vert, où le vert devient du jaune et le jaune du rouge. En fait les couleurs correspondent à la longueur d'ondes des photons de lumière. Autre exemple, pensez à la motivation, il n'y pas un point précis où la motivation intrinsèque devient extrinsèque et où la motivation extrinsèque devient l'amotivation. En fait la motivation dépend des frictions entre un environnement, un individu et une tâche.

Notre cerveau va simplifier tout ça, il va perdre en complexité pour gagner en efficacité. Le problème c'est que la catégorisation n'est pas quelque chose d'objectif, détaché des observateurs du monde que nous sommes. Quand notre cerveau catégorise, il conditionne notre rapport avec le monde, on appelle cela des croyances performatives. Ainsi penser l'entraînement en termes de préparation physique, mentale, technique ou de neuro est devenu vrai...

Mais ce n’est pas la vérité. C’est une construction. Une construction performative, utile à un certain moment, dans un certain contexte… mais parfois limitante. Car le joueur n’est pas divisible. Il n’est pas un assemblage de compartiments qu’on peut travailler indépendamment comme les pièces d’un moteur. Il est un système vivant, adaptatif, singulier, traversé d’émotions, de perceptions, de vécus et de croyances. Il est en tension constante entre ce qu’il est, ce qu’il croit être, et ce qu’on attend de lui. C’est pour cela que j’ai créé Ma Métaude. Pas pour proposer une nouvelle méthode miracle, ni pour ajouter une couche de plus au millefeuille des approches d’entraînement. Mais pour offrir une boussole dans un monde d’incertitudes. Pour aider les entraîneurs à penser autrement, à voir autrement, à accompagner autrement. Et surtout, pour ne jamais oublier que former un joueur, c’est d’abord honorer un être humain en devenir.

Andy Hyeans, le 3 avril 2025, tous droits réservés.