Un combat de poids ! La relation entre poids et performance dans les sports de combats

Les facteurs de performance sont nombreux dans les sports de combats. Ils sont à la fois intra-individuels, les capacités du combattant le jour du combat ; interindividuels, l’opposition du combattant le jour du combat ; et environnementaux.

Tous ces facteurs agissants et rétro-agissants dans un chaos dans lequel le KO est toujours possible mais jamais certain.

Parmi les facteurs de performance intra-individuels relatifs aux capacités d’un combattant le jour d’un combat, le poids a une place prépondérante. En effet, le poids classe les athlètes en catégories et plus la période entre la pesée d’un combattant et le combat est grande, plus le combattant peut manipuler son poids afin d’être pesé le plus en dessous possible de son poids de performance et de se constituer, à priori, un avantage comparatif sur la masse corporel.

Mais être le plus lourd dans l’arène constitue-t-il vraiment un avantage comparatif si la manipulation du poids se fait au détriment des performances (voir de la santé de l’athlète) ?

Y-a-t ’il vraiment un intérêt à manipuler son poids si le niveau de performance au moment du combat est inférieur au niveau de performance de l’athlète ? Les études sur le sujet sont très divergentes et la stratégie à mettre en place ne peut donc être qu’individuelle.

  • La diminution des apports entraîne :
    1. Une réduction du glycogène (stocks d’énergie) ;
    2. Une modification du métabolisme des glucides et des lipides ;
    3. Un état de cétose (l’énergie est puisée dans les graisses) ;
    4. Une sensation de fatigue.
  • La réduction de l’eau dans le corps entraîne :
    1. Une diminution du plasma sanguin ;
    2. Une altération de diverses fonctions : cardiovasculaire, thermorégulatrice, neuromusculaire, cérébrale, etc…

En général les compétiteurs consacrent les 5 derniers jours avant la pesée pour perdre le plus de masse possible. Ils consomment énormément d’eau à J-5 (les quantités varient selon les poids), beaucoup à J-4 et J-6, peu à J-2, très peu à J-1 et pas d’eau le jour de la pesée. Cette variation importante impacte à la baisse la production de l’aldostérone, une hormone qui agit pour conserver le sodium et sécréter du potassium. Ce qui va entraîner une évacuation d’eau importante qu’on appelle « l’effet chasse d’eau ».

A cette manipulation des apports hydrique, l’athlète associe des restrictions glucidiques (notamment fruits, sucre raffiné et amidon) car 1 gramme de glucides attire 2,7 grammes d’eau dans le corps. C’est pour cette raison que la consommation glucidique doit être la plus faible possible. Il va ainsi épuiser ses réserves en glycogène et consommer essentiellement des protéines et des lipides de haute qualité. Les légumes à feuilles comme les épinards, les crucifères comme le brocoli et le chou-fleur sont particulièrement conseillés. Évidemment, la consommation de sel sera neutralisée et un diurétique comme la racine de pissenlit pourra être associé les deux derniers jours. Le dernier jour, la sudation lors de bains chauds ou saunas permettra d’évacuer encore un peu plus d’eau pour être au poids. Mais il s’agit aussi de faire le poids face à l’adversaire.

L’athlète arrive à la pesée « sec » au sens propre ! S’il se présentait comme cela en compétition, sa puissance, sa résistance, son endurance seraient très impactées par la perte d’eau qu’il vient de réaliser. Il doit donc pouvoir revenir dans son état de performance dans un temps très court, autrement dit reprendre toute l’eau et l’énergie qu’il vient de perdre.

Dès que la pesée est terminée, il devra absorber ± 1 litre d’eau par heure ! Sur ces litres d’eau ± 25 % seront évacués sous forme d’urine. Logiquement un athlète qui a perdu par exemple 9 litres d’eau corporelle, doit en consommer 11 pour les récupérer. En 24 heures, dont 8 consacrées au sommeil et 3 qui précèdent la compétition, il ne lui reste donc plus que 13 heures pour consommer ces 11 litres d’eau.

La reconstitution des stocks énergétiques passe quant à elle par un repas important après la pesée, sans limite de calories mais avec des aliments qualitatifs et sans complications pour la digestion. Le jour de la compétition, plusieurs petits repas sont à privilégier et ils peuvent être salés !

Pour savoir si le jeu en vaut la chandelle, il faut tester plusieurs configurations de performance intra-individuelles jusqu’à trouver celle dans laquelle l’athlète obtient le meilleur ratio couts/avantages. La performance intra-individuelle doit bien être isolée car elle ne saurait représenter à elle seule la performance dans le combat qui implique aussi l’adversaire et l’environnement.

La meilleure option consisterait donc à disposer de connaissances sur l’état de performance de l’athlète à différents poids/selon différentes options stratégiques, de connaissances sur celui de l’adversaire et sur l’environnement du combat pour faire les meilleurs choix.

Merci pour votre lecture !

L’équipe Perf’Hex

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